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Avertissement {#avertissement .unnumbered}

Cette tentative de polycopié contient certainement un grand nombre d'erreurs étant donné qu'elle est développée en même temps que le cours est donné et qu'elle en est à ses premiers mois de vie. Quand vous trouverez des erreurs n'hésitez pas à me les communiquer et ainsi améliorer la qualité de ce polycopié. Toute erreur trouvée concernant de la "physique" (pas les fautes d'orthographe donc) seront récompensées par un bonus sur la note des contrôles continus.

Bibliographie {#bibliographie .unnumbered}

Il existe une multitude de bons livres de physique générale à disposition. Ce polycopié est largement inspiré du livre de D. C. Giancoli, Physics: principles with applications, 7-th edition, Pearson, 2014. D'autres lectures possibles sont les suivantes:

  • Walker, Halliday & Resnick, Fundamentals of Physics, Wiley, 2014.

  • E. Hecht, Physique, 1999.

Une partie de la bibliographie que je vous ai donné est en anglais. Il existe des traductions qui sont en principe disponibles à la bibliothèque.

Analyse dimensionnelle

Généralités

Toues les sciences "naturelles" sont basées sur l'observation du monde qui nous entoure. Mais malgré le fait qu'on ait l'impression que le processus d'observation soit une suite simple: observation, expérimentation, obtention de résultats, qu'on explique avec une théorie (un ensemble de lois) cela n'est pas vraiment le cas. En fait, de façon proche à ce qui se passe dans les arts, les sciences sont un processus hautement créatif. En effet, lors d'une observation un scientifique ne décrit pas tout ce qu'il voit, mais sélectionne uniquement ce qu'il juge important pour la compréhension et l'interprétation d'un phénomène. De plus, une fois sélectionné le processus à observer, il convient de créer une expérience permettant de le mesurer de façon aussi précise que possible pour pouvoir le décrire. La mesure tient donc une place centrale dans les sciences et se complète parfaitement avec la création de théories qui permettent l'explication d'observations. Par ailleurs, toutes les théories ne sont pas le fruit d'expériences (ou d'observations) mais ont souvent été le résultat de constructions de l'esprit. Dans ce cas les expériences, viennent confirmer (ou infirmer) les théories. En effet, une théorie physique est supposée vraie jusqu'à ce qu'une expérience vienne l'infirmer (on ne peut pas prouver une théorie).

Les expériences ont donc deux fonctions principales

  • Collecter des données qui permettront la dérivation de lois physiques.
  • Vérifier ou infirmer les lois physiques.

Les lois physiques sont des outils très pratiques permettant la prédiction quantitative de phénomènes (et non la "post-diction" comme avec les expériences). Il est par exemple possible de prédire très précisément la hauteur à laquelle il faut lancer un satellite pour qu'il se retrouve en orbite géostationnaire (et donc connaître la quantité de carburant nécessaire par exemple) grâce aux lois de Newton. Ce qui serait certainement beaucoup plus difficile à déterminer expérimentalement, s'il fallait faire des dizaines d'essais jusqu'à ce que ça marche.

Par ailleurs, beaucoup de "lois" ont des capacités prédictives mais ne sont pas complètement générales. Par exemple, bien que les lois de Newton marchent très très bien pour notre vie de tous les jours, certaines applications d'usage quotidien ne fonctionneraient pas si on s'en tenait là. En effet, le GPS requiert l'extension des lois de Newton à la relativité générale pour pouvoir fonctionner correctement. En fait la gravitation Newtonienne est une approximation de la relativité générale.

Ces approximations sont souvent le résultat de simplifications faites dans la représentation dont ont se fait de processus physiques: les modèles. Un modèle est une vision de l'esprit qui permet de réunir plusieurs situations qui à première vue peuvent paraître non-semblables ou à simplifier un problème afin de pouvoir le résoudre plus simplement. Par exemple un liquide est composé d'atomes qui se déplacent. Il serait possible (mais complètement infaisable et inutile dans presque tous les cas) d'étudier chaque atome individuellement pour avoir une description très détaillée du mouvement d'un fluide. Néanmoins, il est beaucoup plus simple de faire l'hypothèse qu'un fluide peut être considéré comme un objet continu.

Les modèles permettent également un traduction en équations mathématiques d'un phénomène naturel. Ces équations peuvent ensuite d'être résolues à la main ou par ordinateur, chose que nous ferons durant ce cours. Mais avant d'aller plus loin, nous allons discuter des dimensions des différentes grandeurs physiques et leurs dimensions.

Unités, Système International

Toute mesure doit être effectuée par rapport à un "standard" ou unités. Cela n'a aucun sens de dire qu'un éléphant pèse 36, si nous ne disons pas 36 en quelles unités. Pour chaque grandeur de multiple standards ont été créé au cours des années qui sont devenus de plus en plus précis avec les avancées technologiques (combien exactement mesure

1m1{\mathrm{m}}
, la durée d'une seconde, etc). Dans cette section nous allons discuter les unités des grandeurs de base de la physique. Nous verrons en particulier le Système International (ou SI).

Ne pas se mettre d'accord sur un système d'unités peut avoir des conséquences catastrophiques. Un exemple récent est la perte du satellite Mars Climate Orbiter (le coût de la mission était de 330 millions de dollars) qui a explosé alors qu'il essayait de se mettre en orbite autour de Mars, car une partie du code informatique récoltant les donnée de la sonde donnait des résultats en unités non-SI alors que la NASA travaillait en SI. Il y a donc eu une très grossière erreur dans le calcul de la trajectoire à adopter pour la mise en orbite et le satellite s'est écrasé (plus de détails ici par exemple https://fr.wikipedia.org/wiki/Mars_Climate_Orbiter).

Les unités sont définies par rapport à des grandeurs "facilement" mesurables avec une grade précision et qui ne changent pas (ou très très très peu) au cours du temps.

Longueur

Le standard international fût établi par la France dans les années 1790. Pour les unités de longueur est le mètre (abrégé

m{\mathrm{m}}
). A l'origine le mètre était 1/10'000'000 de la distance entre l'équateur et un des pôles. A partir de cette mesure un étalon en platine fût forgé (c'est quand même plus pratique à utiliser). Puis, en 1889, le mètre a été défini comme la distance entre deux très fines encoche sur une barre d'un alliage platine-iridium. Comme cette façon de définir le mètre n'était pas suffisamment précise pour beaucoup d'applications, en 1960 le mètre devint
1650763.731'650'763.73
longueur d'onde d'une lumière émise par le gaz krypton-86. En 1983, fût redéfini comme la distance parcourue par la lumière en 1/299'792'458 secondes.

Il existe d'autres unités de longueur, par exemple les britanniques utilisent le pouce ou inch (1

in.\mathrm{in.}
correspond à 0.0254
m{\mathrm{m}}
). Dans ce cours nous nous concentrerons principalement sur le système SI.

A titre de comparaison la @fig:imperial montre les relations entre les différentes unités de longueur qui existaient dans l'empire britannique. On y voit un très grand nombre d'unités différentes reliées entre elles par des relations plus ou moins compliquées. La page wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Unit%C3%A9s_de_mesure_anglo-saxonnes contient les unités anglosaxonnes pour des surfaces et des volumes également.

Différentes unités de longueur anglosaxonnes et les relations entre elles. Source: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c8/English_length_units_graph.png

Temps

La mesure du temps en SI est donnée en secondes (abrégée

s{\mathrm{s}}
). Une seconde a longtemps été définie comme étant
1/(360024)=1/860001/(3600\cdot 24)=1/86'000
-ème de journée solaire. La vitesse de rotation de la terre se ralentissant légèrement d'année en année, il a été nécessaire de raffiner de plus en plus cette définition. A présent une seconde correspond à un processus atomique. Il s'agit du temps nécessaire à 9'192'631'770 de la transitions entre deux états de l'atome de césium 133.

Masse

Le kilogramme (abrégé

kg{\mathrm{kg}}
) est la masse d'un étalon international du kilogramme. En 1795, le kilogramme était la d'un décimètre cube d'eau à une température de
4C4^\circ{\mathrm{C}}
. Puis il a été remplacé par un étalon en platine iridié (voir Fig. {@fig:kg}). Il s'agit de la seule unité utilisant encore un étalon, aucune "grandeur naturelle" n'ayant pu être utilisée pour définir le kilogramme autrement. Des copies de cet étalon ont été fabriquée et envoyées à chaque état qui en ont fait d'autres copies officielles pour contrôler les balances utilisées un peu partout sur les territoires.

Une réplique de l'étalon international du kilogramme présentée à la cité des sciences et de l'industrie (Vilette), source: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ac/Prototype_kilogram_replica.JPG

Température

La température mesure le degré d'échauffement d'un corps. En SI l'unité de la température est le degré Kelvin (abrégé

K{\mathrm{K}}
). Il est défini comme le
1/273.161/273.16
-ème de la température du point triple de l'eau (la température où les trois phases, solides, liquides, gazeuse, de l'eau peuvent coexister en équilibre thermodynamique). Cette température se trouve par définition à
273.16K273.16^\circ{\mathrm{K}}
ou encore à
0.01C0.01^\circ{\mathrm{C}}
. Nous verrons un peu plus de détails sur la définition du zéro degrés Kelvin (ou zéro absolu) dans la suite du cours.

Courant

L'intensité du courant électrique est mesurée en Ampères (abrégé

A{\mathrm{A}}
). Le courant est la quantité de charge par seconde qui passe dans un élément conducteur. On définit un ampère de façon un peu complexe. C'est l'intensité de courant constant qui circulerait dans deux fils conducteurs infinis placés dans le vide, de section négligeable, et placés à une distance d'un mètre l'un de l'autre qui produirait une force de
21072\cdot 10^{-7}
Newton par longueur de mètre. Les autres unités très utiles en électricité, l'ohm (abrégé
Ω\Omega
) et le volt (abrégé
V{\mathrm{V}}
) se déduisent ensuite par les fameuse formules
U=RIU=R\cdot I
(
[V]=[Ω][A][{\mathrm{V}}]=[\Omega]\cdot [{\mathrm{A}}]
) et
P=UIP=U\cdot I
(
[W]=[V][A][{\mathrm{W}}]=[{\mathrm{V}}]\cdot [{\mathrm{A}}]
).

Avec ces relations, on constate qu'on peut déduire les unités de la résistance et de la tension en fonction de toutes celles que nous avons déjà vues précédemment.

Ordre de grandeur

Souvent nous pouvons vouloir qu'une estimation rapide d'une quantité ou simplement vouloir rapidement avoir une idée de comment "marche" un processus. Pour ce faire plutôt que d'entrer complètement dans tous les détails compliqués des calculs il peut être beaucoup plus simple de fonctionner avec des ordres de grandeurs de nos quantité (en gros on arrondit tout à l'entier ou même à la puissance de 10)[^1]. On a donc un résultat précis "à la puissance de 10 près".


Exercice (Volume d'un lac) #

Calculez le volume du lac Léman sachant qu'il fait environ

70km70{\mathrm{km}}
de long pour
10km10{\mathrm{km}}
de large et
100m100{\mathrm{m}}
de profondeur.[^2]



Exercice (Hauteur d'un bâtiment) #

Je souhaite estimer la hauteur d'un bâtiment. Supposons que mes yeux soient à une hauteur de

1.5m1.5{\mathrm{m}}
du sol. La seule information connue est que quand je me place à une distance d'un écartement de bras d'un arbre (mesurant environ
3m3{\mathrm{m}}
de haut et se trouvant à
2020
pas du bâtiment) placé entre moi et le bâtiment, l'arbre cache tout juste le haut du bâtiment.



Exercice (Épaisseur d'une feuille de papier) #

Vous avez à disposition une règle (précise au millimètre) et un livre. Estimez aussi précisément que possible et avec un minimum d'effort l'épaisseur d'une feuille du livre.


Analyse dimensionnelle

Lorsque nous parlons de dimensions d'une quantité, nous nous référons souvent au type des unités de la quantité. Une longueur sera représentée par

[L][L]
[^3], un temps par
[T][T]
, une masse par
[M][M]
, etc. Cette notation se généralise pour toute quantité dont les quantités sont des combinaisons (multiplication ou division) de ces unités de base. Ainsi, une surface sera
[L2][L^2]
, une fréquence
[1/T][1/T]
, une vitesse
[L/T][L/T]
, une énergie
[ML2/T2][M\cdot L^2/T^2]
, une force
[ML/T2][M L/T^2]
, etc.


Exercice (Quantité de grandeur de base) #

Écrivez les 5 types d'unités fondamentales nécessaires à la dérivation de toutes les autres.


L'analyse dimensionnelle peut se révéler particulièrement utile pour vérifier si des relations font du sens ou pas. Les lois physiques mettent en relation différentes quantités qui doivent être consistante également du point de vue des unités. On ne peut naturellement pas additionner des quantités qui n'ont pas les mêmes unités. Cela reviendrait à ajouter des éléphants à des lettres, le résultat serait alors peu clair.

Si nous prenons comme exemple la relation

s=x0+12v0t2, s=x_0+\frac{1}{2}v_0 t^2,
qui décrirait la position d'un objet en mouvement rectiligne uniforme,
ss
, qui partirait d'une position
x0x_0
, aurait une vitesse
v0v_0
après un temps
tt
. Si nous effectuons l'analyse dimensionnelle de cette relation nous avons
[L]=?[L]+[L/T][T2],[L]+[LT]. \begin{aligned} [L]&\stackrel{?}{=}[L]+[L/T]\cdot [T^2],\nonumber\\ &\neq[L]+[L\cdot T]. \end{aligned}
On constate donc que cette équation est certainement fausse. On note aussi que le
1/21/2
n'ayant pas d'unités a été simplement ignoré dans la relation ci-dessus, car il n'est pas porteur d'unités.

Si le résultat de l'analyse dimensionnelle se révèle incohérent, nous sommes certains que l'équation est fausse. L'inverse est cependant faux. En effet, une analyse dimensionnelle d'une équation cohérente ne permet pas d'être sûr que l'équation en elle-même est correcte. Par exemple tous les facteurs numériques peuvent être complètement faux. Ou alors certaines quantités peuvent avoir les bonnes unités mais n'avoir aucun sens physique dans les cas étudiés.


Exercice (Analyse dimensionnelle) #

Essayez de deviner les relations entre les quantités suivantes à partir de leurs dimensions

  1. Distance et vitesse.
  2. Accélération et vitesse.
  3. Distance et accélération.
  4. Énergie et vitesse.
  5. Force et énergie.
  6. Énergie et tension.